Sauvageot : Laissez-moi
"Laissez-moi souffrir, laissez-moi guérir, laissez-moi seule. Ne croyez pas que m’offrir l’amitié pour remplacer l’amour puisse m’être un baume ; c’en sera peut-être un quand je n’aurai plus mal. Mais j’ai mal ; et, quand j’ai mal, je m’éloigne sans retourner la tête. Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l’épaule et ne m’accompagnez pas de loin. Laissez-moi."
De retour au sanatorium, une jeune femme trouve la lettre de congé de son amant. Alors, elle écrit ces pages, qui ne sont pas une réponse destinée à être envoyée, mais bien un "commentaire" sur la genèse et la fin d’un amour.
Encensé de toutes parts depuis sa première parution - confidentielle - en 1933, ce court texte frappe par sa modernité, l’implacable lucidité de l’analyse, la sérénité au sein de l’ironie, de la perte des illusions.
Née en 1900, d’origine lorraine, Marcelle Sauvageot meurt à 34 ans, emportée par la tuberculose, quelques semaines avant la parution de la deuxième édition de Laissez-moi. "Flamme très pure défiant la vie", ainsi que la décrivit René Crevel, professeur de littérature à Charleville, proche des surréalistes sans jamais les rallier, elle fut l’auteur d’une oeuvre unique, dans tous les sens du terme.
Préface de Elsa Zylberstein