Simenon : Le Haut Mal
Le gamin poussa la porte et annonça, en regardant la femme de ménage qui, les mains sanglantes, vidait les lapins :
– La vache est morte.
Son vif regard d’écureuil fouillait la cuisine, à la recherche d’un objet ou d’une idée, de quelque chose à faire, à dire ou à manger et il se balançait sur une jambe tandis que sa sœur, ronde et frisée comme une poupée, arrivait à son tour.
– Allez jouer, prononça Mme Pontreau avec impatience.
– La vache est morte !
– Je le sais.
– Vous ne pouvez pas le savoir, puisqu’elle vient de mourir.
Mme Pontreau se leva, bouscula le gamin.
– Toi aussi, va jouer, cria-t-elle à la petite fille.
Et elle referma la porte, tandis que, dehors, les gosses cherchaient une occupation.
Mme Pontreau n’avait pas menti. Elle savait que la vache était morte. Elle était au courant de tout ce qui se passait à la ferme.