Genet : Les Paravents
Le monument qu'elle élève à l'honneur des morts et de la mort donne à la pièce une dimension jamais atteinte jusqu'alors, tant la jubilation de Genet à jouer avec toutes les ressources du théâtre réussit - cas unique - à s'articuler avec les données historiques et politiques de la guerre d'Algérie.
Le fameux «tourniquet» qu'avait décelé Sartre n'est pas seulement celui de l'être et du paraître mais celui de tous les incompatibles tels que les a conçus une vision rationnelle du monde. Pour s'opposer à cette vision judéo-chrétienne, rien de plus fort que la définition de la tragédie proposée par Genet. Conception dionysiaque d'un délire qui doit beaucoup aux Grecs relus à la lumière de Nietzsche et pourrait se rapprocher de Shakespeare ; conception circulaire également, qui exige, dramaturgiquement, une mise en déséquilibre constant de tous les éléments du spectacle, des objets aux acteurs, de la régie à la psychologie. On entre dans le monde de l'insaisissable.
Chaque volume de Folio théâtre, consacré à une grande pièce du répertoire classique ou contemporain, se compose d'un texte, d'un commentaire, d'analyses critiques ainsi que d'une histoire de la mise en scène et du jeu des acteurs