Daeninckx : Rue des Degrés. Récits
La littérature est une arme. Qui la sert prend parfois le risque majeur: celui de perdre la vie. Dans la nouvelle qui ouvre le recueil, " La couleur du noir ", la fiction - sous la forme d'un manuscrit - met en jeu une page d'histoire peu connue, l'insurrection malgache de 1947, et dévoile du même coup l'ampleur d'une machinerie meurtrière. Le passé n'est jamais qu'un présent réactualisé. Une image - matérielle, ou conservée dans une mémoire individuelle --, un souvenir qu'on croyait oublié suffisent pour changer la façon dont on prend part au monde, dont on décide d'un acte, d'une posture face à un événement, ou de la tisanière dont on engage son destin.
Voilà, à travers ces récits brefs, les situations que parcourt le regard de Daeninckx, rebondissant, de façon à la fois résolue et inquiète, entre la pose du révolutionnaire et celle du poète - pour reprendre les mots de Francis Ponge dont il se réclame.