Deville : Longue vue
Estimant impossible, vu la vie dissolue qu’il mène, de la recevoir chez lui, Anton-Mokhtar a demandé au jeune Alexandre Skoltz de s’occuper de Jyl pendant les vacances d’été. Jyl est-elle la fille d’Anton-Mokhtar ou (mais c’est peu probable) de Körberg, jadis amants successifs de la belle Stella ? En tout cas, le vieux Körberg, tombé par hasard sur le couple, ne va pas tarder à vouer à Skoltz une haine féroce.
« Les personnages de Longue vue, dit Patrick Deville, ont parfois les yeux levés au ciel, pour surveiller le temps qu’il fait (le temps se couvre ou se lève), et parfois les yeux baissés sur leur montre, au poignet, pour surveiller celui qui passe (une semaine du mois de juillet 1957). Le reste du temps, ils se croisent, s’épient, se rencontrent, s’évitent, s’éloignent les uns des autres. Cette semaine-là ne restera pas dans leur souvenir : il ne s’est rien passé d’important pour eux, puisque jamais (hormis le narrateur) ils n’ont eut conscience de participer, ensemble, à une histoire. »