Flaubert : Voyage en Egypte
C'est entre juin et septembre 1851, juste avant de se lancer dans la rédaction de Madame Bovary, que Gustave Flaubert mit toute son énergie à écrire le récit du voyage en Orient qu'il venait de faire, quelques mois plus tôt, avec Maxime Du Camp : un texte direct, sauvage, parfois éblouissant, toujours surprenant de vérité, où le jeune écrivain, encore inconnu, se faisait à lui-même le pari de " tout dire " et d'enregistrer tels quels les souvenirs de cette traversée de l'Egypte qui avait été pour lui une expérience décisive. Or ce Voyage que Flaubert considérait comme un monument de mémoire personnel, et dont les réminiscences se retrouvent partout dans son oeuvre de romancier, ne fut publié qu'après sa mort, dans une version reconstituée de toutes pièces par son héritière Caroline Franklin-Grout qui fournit à l'éditeur une copie " aménagée ", souvent fautive, et largement expurgée de tout ce qui risquait de heurter la bienséance. Depuis lors, faute de pouvoir accéder au manuscrit original, toutes les éditions de cet ouvrage n'ont cessé de reproduire un texte remanié et lacunaire d'où avaient disparu, hélas, des fragments entiers, des péripéties par trop inconvenantes et, bien sûr, quelques détails " osés " de la vie érotique de Flaubert... Par chance, l'histoire a voulu que ce manuscrit, dont on avait perdu la trace depuis la mort de Caroline en 1930, revînt à la surface tout récemment. Et c'est à partir de ce document - une liasse de cent quatre-vingt-sept grandes pages autographes - qu'a pu être établie, pour la première fois, l'édition complète qui est ici présentée. Il aura donc fallu attendre plus d'un siècle après la disparition de l'auteur pour que les flaubertiens disposent, enfin, de ce texte essentiel à la connaissance de l'homme et de l'oeuvre
éd. intégrale du manuscrit original établie et présentée par Pierre-Marc de Biasi