Mérimée : Théâtre de Clara Gazul
«C'est à Gibraltar que je vis pour la première fois Mlle Gazul», née d'une tireuse de cartes «sous un oranger sur le bord d'un chemin dans le royaume de Grenade». Inutile de dire que Mérimée n'est jamais allé à Gibraltar et que Mlle Gazul n'est pas née d'une cartomancienne sous un oranger, pour la bonne raison qu'elle n'existe pas.
Clara Gazul, c'est Mérimée lui-même qui, tout jeune encore (il n'a pas vingt-cinq ans lorsque paraît le Théâtre) et bravissime champion du romantisme naissant, s'est amusé à écrire ces petites pièces délicieuses d'humour et d'impertinence où revit une Espagne noire et parfumée inspirée du Quichotte et de Calderón. Une femme est un diable : elles le sont toutes. Mariquita, Inès Mendo, Doña Urraca et surtout la Périchole qui a inspiré tant d'actrices et de metteurs en scène depuis Valentine Tessier, Jouvet et Copeau jusqu'à Maria Casarès et à la diabolique Anna Magnani du Carrosse d'or de Jean Renoir. Sans oublier Offenbach et Jérôme Savary.
Edition de Patrick Berthier