Segalen : Rene Leys
«René Leys vous donne le ton exact de certains Moments chinois, qui durèrent parfois des mois entiers ; ces journées qui s'ouvraient dans le lever de la paupière de l'aube... de bons chevaux attendant dans la cour où crevaient tous les matins les fleurs de Lotus de la grande vasque... Retour vers dix heures, après la conquête toujours nouvelle de la plaine impériale. Puis l'après-midi studieuse sur les caractères et les textes ; le crépuscule sur la Muraille qui possède la ville. Je me souviens d'un Certain Ciel qui entra tout entier dans mon cœur. Et l'arrière-soir, une partie de la nuit, se passait bien véridiquement à Ts'ien-men-waï, dans le tohu-bohu des couleurs de lumière, le turbulent mystérieux des cours compliquées, des théâtres, de la scène et de ce qui se passe derrière toute la scène du monde...
Le lendemain était pur, renouvelé ; un goût de jour neuf dans la bouche.» (Lettre de Segalen à Hélène Hilpert, avril 1919.)