Corneille : La Place Royale
La Place Royale affiche son titre comme une plaque de rue. Et comme une déclaration d'intention. En situant ainsi ostensiblement sa pièce dans le dernier quartier à la mode, le jeune Corneille dépouille la comédie sentimentale de la convention pastorale sous laquelle elle se présentait jusqu'alors. Mais il fait plus. En créant, dans ce champ clos de l'apprentissage amoureux, un personnage qui met face à face les élans du coeur et les exigences de sa propre liberté, il invente avec Alidor le prototype du héros qui se veut maître de lui comme de l'univers. Et que cette expérience n'aille pas, dans ce qui n'est encore ici qu'un jeu de l'amour et du hasard, sans violence ni cruauté dit assez que la comédie ouvre déjà, en 1633, avec La Place Royale, la voie aux grandes vibrations tragiques du théâtre à venir.
édition présentée, établie et annotée par Jean Serroy
Chaque volume de Folio théâtre, consacré à une grande pièce du répertoire classique ou contemporain, se compose d'un texte, d'un commentaire, d'analyses critiques ainsi que d'une histoire de la mise en scène et du jeu des acteurs.