Guilleragues : Lettres portugaises, suivie de Guilleragues par lui-même
Considère, mon amour, jusqu'à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah ! malheureux ! tu as été trahi, et tu m'as trahie par des espérances trompeuses. Une passion sur laquelle tu avais fait tant de projets de plaisirs, ne te cause présentement qu'un mortel désespoir, qui ne peut être comparé qu'à la cruauté de l'absence qui le cause. Quoi ? cette absence, à laquelle ma douleur, tout ingénieuse qu'elle est, ne peut donner un nom assez funeste, me privera donc pour toujours de regarder ces yeux dans lesquels je voyais tarit d'amour, et qui me faisaient connaître des mouvements qui me comblaient du joie, qui me tenaient lieu de toutes choses, et qui enfin me suffisaient ?
Présentation de Frédéric Deloffre