Waberi : Moisson de crânes
En 1998, Noccky Diedanoum, écrivain tchadien installé à Lille où il organise le festival Fest'Africa, initia le projet " Rwanda : écrire par devoir de mémoire ". Ainsi, à la suite du prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka, dix écrivains africains se rendirent à Kigali. Ce texte d'Abdourahman A Waberi est l'un de ces témoignages. L'auteur, avec une exemplaire humilité face à l'horreur des faits qu'il rapporte, nous transmet les paroles entendues, les choses vues, les confidences recueillies. Une singulière " alternative d'encre au passé de sang " ainsi que le soulignait en 2000, le journal Le Matricule des anges. - Abdourahman A Waberi est né en 1965 à Djibouti. Il vit depuis 1985 à Caen, où il enseigne l'anglais. Saisi par l'urgence de rendre compte, en artiste, du génocide survenu au Rwanda il a choisi l'essai, le témoignage, mâtiné de fiction. Il s'est pour cela rendu sur place, à deux reprises, en 1998 et en 1999, et il y a vu cette horreur qu'il évoque dans Moisson de crânes : les massacres à la machette, à la grenade, les émasculations, les viols, la mutilation de corps encore vivants, le désarroi, la peur, le dénuement... Une vérité historique quasi indicible dont il restitue les échos avec la force de l'écrivain et du poète.