Hyvernaud : Le wagon à vaches
Malraux cinéaste voyait dans un camion hérissé de baïonnettes le symbole du siècle. Avec Hyvernaud, c'est un tout autre carrosse qui nous est réservé : le wagon à vaches. Les vaches, c'est nous, c'est l'homme, empêtré dans de petites lâchetés, et qui, lentement, s'enfonce dans la boue noire de sa salauderie originelle.
D'ordinaire, la vache, elle paît paisible dans son pré vert. Le ruminant hyvernaldien, lui, est en rupture de pacage, mais à plein dans les fils électriques. Sorti à coups de trique de son sofa herbeux, il besogne son rafistolage. On est donc là, dans le wagon, sardines sans huile, tassés, guettant le filet d'air glacé, en route pour on ne sait où…
À l'arrivée, ce sera le gros baiser d'un mandrin en plein front, la mort.