Vasseur : Ce qu'il reste de nos rêves
Ce fut comme une déflagration. Le jour de sa mort, le 11 janvier 2013, j'ai senti que l'on perdait quelqu'un d'important : un ami, un frère d'armes. Aaron Swartz était un prodige. Un grand sage dans un corps d'enfant. Il n'avait qu'une ambition : briser nos chaînes. Les autorités américaines l'ont broyé.
À trois ans, il savait lire ; à huit, coder. À quatorze ans, il travaillait déjà avec les pionniers de l'Internet libre. Il était convaincu que la technologie redistribuerait le pouvoir et libérerait la politique de l'emprise de l'argent. Aaron misait sur notre intelligence, notre désir d'élévation. Il militait pour la démocratie, la connaissance, la liberté d'expression. Il a fini pendu dans son appartement de Brooklyn, à vingt-six ans. Suicide ou suicidé ?
Aaron Swartz représente tout ce que j'ai aimé : l'Amérique, la dignité, l'idéalisme. J'ai suivi sa trace, interrogé sa famille, ses amis. Dans mon road trip, j'ai voulu comprendre ses rêves mais aussi les illusions perdues de l'Internet. Sauver la joie, l'espérance, notre part d'enfance.