Cheng : De l'âme. Sept lettres à une amie
Votre missive contient une singulière requête : « Parlez-moi de l’âme »…Votre phrase : « Sur le tard, je me découvre une âme », je crois l’avoir dite à maintes reprises. Mais je l’avais aussitôt étouffée, de peur de paraître ridicule. Sous votre injonction, je comprends que le temps m’est venu de relever le défi…J’écris le mot « âme », je le prononce en moi-même, et je respire une bouffée d’air frais.
Par association phonique, j’entends Aum, mot par lequel la pensée indienne désigne le souffle primordial. Instantanément, je me sens relié à ce désir initial par lequel l’univers est advenu, je retrouve au plus profond de mon être quelque chose qui s’était révélé à moi, et que j’avais depuis longtemps égaré, cet intime sentiment d’une authentique unicité et d’une possible unité. F. C.