Dorsan : Une passion pour le Y
« J’ai une passion pour le Y.- Une passion pour le Y ?- Oui, pour le Y.- Pourquoi pour le Y ?- Parce que c’est la plus belle lettre de l’alphabet, elle est debout et lève ses bras vers le ciel.Ils sont assis dans une cour intérieure. L’homme aux cheveux noirs, aux yeux noirs et la femme à la peau claire, aux yeux verts. »
Ainsi commence le nouveau texte de Mary Dorsan. Il l’a suivie en quelque sorte puisque nous ne sommes plus ici dans un appartement thérapeutique avec des adolescents pour le moins perturbés mais dans l’hôpital psychiatrique de jour où elle travaille à présent. Elle y est pour, comme elle écrit à un moment : « éprouver plus fortement encore l’espérance », au milieu d’êtres, des adultes cette fois, qui ont commis l’irréparable, un meurtre pour certains d’entre eux, des violences en tout cas, sur eux ou sur les autres. Elle écrit leurs échanges avec elle, et entre eux. Ces paroles, « leurs mots tracés, entrelacés dans un roman, on reconnaîtra leur valeur. » Elle écrit leur malheur, elle témoigne, elle restitue leur voix étonnante de lucidité et de profondeur.
Autant Le présent infini s’arrête était vaste et échevelé, autant ce texte est contenu, serré, même si la violence y affleure souvent, et aussi la colère de la soignante confrontée à une administration obtuse. Il est en tout cas bouleversant pour ce qu’il fait monter jusqu’à nous d’une folie irréparable.