Depestre : Hadriana dans tous mes rêves
Jacmel, en Haïti. En 1938, au moment du Carnaval. C'est la fin de Germaine Villaret-Joyeuse, la chère marraine du narrateur et, en même temps, les noces de l'éblouissante Hadriana Siloé. Conduite à l'église, Hadriana pousse un oui hallucinant de détresse et s'écroule, morte, aux pieds de l'officiant. Mais nous sommes au pays vaudou et il n'y a pas de mort qui tienne. À peine enterrée dans sa belle robe blanche, Hadriana se prête au rituel de la métamorphose, et renaît sous l'espèce mythique d'une zombie. Dès lors, le jeune narrateur laisse se débrider son humour et son imagination, dévoilant la scène haïtienne dans toute sa fantaisie, sa sensualité, sa magie démontée et son désordre. Comme si la joie de vivre et la terreur de passer à trépas relevaient d'une seule et même énergie.