Cahier John le Carré
Si John le Carré est salué par tant d’écrivains comme l’un de leurs pairs, c’est bien parce qu’il ne se laisse pas enfermer dans un cadre univoque. Loin de se cantonner à une architecture binaire dans laquelle tout serait noir ou blanc, il aime explorer les zones d’ombre et la grisaille. L’entre-deux psychologique et métaphorique l’intéresse plus que le manichéisme idéologique.
Sa production littéraire elle-même est bien plus protéiforme que ne pourrait le laisser croire sa réputation. Il ne se réduit pas à l’étiquette « romancier de la guerre froide » – et la fin de la guerre froide n’a pas sonné le glas de l’écrivain ; bien au contraire, elle lui a permis d’étendre son terrain de jeu thématique et géographique pour mieux se recentrer sur l’humain –, pas plus qu’à celle, plus englobante, de « romancier d’espionnage ». Mais la simple étiquette de « romancier », même, ne suffit pas à décrire son œuvre foisonnante.
John le Carré a publié vingt-quatre romans, certes, mais il a également écrit une pièce de théâtre et des mémoires. Et ce ne sont pas seulement des livres qu’il a signés de sa plume, mais plus d’une centaine de textes courts : contes, nouvelles, préfaces, articles journalistiques, tribunes, billets d’humeur, discours, et même textes autofictionnels bien avant que ce genre n’acquière ses lettres de noblesse.
Premier ouvrage en français consacré à John le Carré, le présent volume rassemble nombre de ces textes, inédits en français à ce jour, qui permettent de constater que le Carré a plus d’une corde à son arc.
Dirigé par Isabelle Perrin