Luther : Oeuvres II
Trad. de l'allemand et du latin par Matthieu Arnold, Jean Bosc, Albert Greiner, Franck Gueutal, Hubert Guicharrousse, Frederic Hartweg, Gustave Hentz, Pascal Hickel, Pierre Jundt, Charles Kohser, Georges Lagarrigue, Nicole de Laharpe, Annemarie et Marc Lienhard, Daniel Olivier, Patrice Veit et Michel Weyer. Édition publiée sous la direction de Matthieu Arnold et Marc Lienhard avec la collaboration de Jean Bosc, Albert Greiner, Franck Gueutal, Hubert Guicharrousse, Frederic Hartweg, Gustave Hentz, Pascal Hickel, Pierre Jundt, Charles Kohser, Georges Lagarrigue, Nicole de Laharpe, Annemarie Lienhard, Daniel Olivier, Patrice Veit et Michel Weyer
De l'autorité temporelle - Qu'une assemblée peut juger les doctrines - Missive à la communauté d'Esslingen - Lettre aux chrétiens des Pays-Bas - Organisation d'une caisse commune - De l'ordre du service divin - L'Ordre de la messe et de la communion - Aux magistrats pour les inciter à ouvrir des écoles chrétiennes - Lettre au sujet de l'esprit séditieux - Contre les prophètes célestes - Exhortation à la paix - Contre les hordes criminelles de paysans - Une missive touchant le dur livret contre les paysans - En quoi les chrétiens sont-ils concernés par Moïse? - Préface à «De la messe allemande» - Les soldats peuvent-ils accéder au salut? - Si l'on peut fuir devant la mort - De la cène du Christ - Confession - Le Petit Catéchisme - Une prédication sur le devoir d'envoyer les enfants à l'école - Missive sur la traduction et sur l'intercession des saints - Avertissement et adresse à ses chers Allemands - Écrit ou plainte des oiseaux - Les Articles de Smalkade - Thèses sur la justification par la foi - Thèses sur l'homme - Disputation contre les antinomistes - Thèses sur le droit de résistance à l'empereur - Les Conciles et l'Église - Lettre à Josel de Rosheim - Lettre au sujet de la bigamie de Philippe de Hesse - Exhortation à la prière contre le Turc - Lettre au prince électeur Jean Frédéric et au duc Maurice de Saxe - Gazette du Rhin - Cantiques et préfaces aux recueils de cantiques et de musique (1523-1545) - Lettres à sa famille (1530-1546) - Préface à l'édition de ses écrits allemands (1539) - Préface au premier volume de l'édition des écrits latins (1545).
Sur le point de savoir si les quatre-vingt-quinze thèses de Luther sur «la vertu des indulgences» ont bien été affichées à Wittenberg le 31 octobre 1517, tout le monde n’est pas du même avis. Mais ce sur quoi, cinq cents ans plus tard, on peut s’accorder, c’est sur les conséquences de cet affichage réel ou supposé : l’étincelle (probablement) allumée ce jour-là allait bouleverser le paysage religieux, politique, social, intellectuel, littéraire et artistique de l’Europe. L’édition des œuvres de Luther dans la Pléiade fait apparaître la diversité de ses écrits, qui reflète celle de ses centres d’intérêt. Le premier volume proposait des textes se rapportant aux débuts du mouvement évangélique. Dans le second, qui regroupe des ouvrages composés entre 1523 et 1546, un nouveau Luther se fait jour. Depuis 1522, il s'est définitivement installé à Wittenberg. Il se consacre à l'enseignement, à la prédication et, de façon incessante, à l’écriture. L’établissement dans la durée du mouvement évangélique est loin d’être simple. Les conceptions luthériennes furent contestées de divers côtés. Luther répond aux objections, aux approches spiritualistes ou «enthousiastes» de ses opposants comme à celle des théologiens fidèles à l’Église romaine. Le rapport qu’entretiennent les chrétiens avec l’Ancien Testament fait partie de ses préoccupations. Son attitude à l’égard des juifs devient de plus en plus dure. Plus que jamais il se montre attentif aux problèmes socio-politiques. La guerre des Paysans puis les tensions entre les États protestants et l’empereur l’incitent à traiter de la résistance à l’autorité. Il s’inquiète de savoir si un chrétien peut être soldat. Il dit son attachement à une paix laissant libre cours à l’Évangile, tout en concédant aux princes protestants le droit à une légitime défense. Il se prononce aussi sur la menace que font peser les Turcs. Le requièrent sans cesse les problèmes liés à l’éducation, voire à la «culture». Son enseignement le conduit à élaborer des séries de thèses qui font l’objet de débats académiques. L’une d’elles expose sa conception de l’homme. Son traité de 1527, Si l’on peut fuir devant la mort, développe des considérations éthiques dans quoi le lecteur du XXIe siècle reconnaîtra parfois ses propres interrogations. Luther est enfin poète. Il écrivit trente-six cantiques, dont plusieurs nous sont familiers : Bach les a mis en musique. L’un des plus célèbres, Ein feste Burg ist unser Gott, «C’est une solide forteresse que notre dieu», lui a fourni le texte de sa cantate BWV 80, destinée à la fête de la Réforme 1724 – célébrée, selon l’usage, le 31 octobre.
Sur les quarante-deux écrits rassemblés dans ce volume, sept ont été traduits du latin, trente-cinq de l’allemand, une langue sur laquelle Luther imprima sa marque, faite de clarté, de simplicité, et de cette verve peu commune qui l'a fait qualifier de «Rabelais allemand».