Fargues : Le procès interdit de Marine Le Pen
« Tête haute, mains propres », proférait le père. « Tête haute, mains blanches », lance la fille en avril 2016, au lendemain des révélations sur les opérations financières de deux de ses proches, épinglés dans l’affaire des « Panama Papers ».
Mais l’affaire qui menace le plus Marine Le Pen est d’une tout autre ampleur. Il s’agit de ce qui pourrait être considéré comme une gigantesqueescroquerie au détriment du porte-monnaie des contribuables.Durant trois ans et demi, ce système a fait l’objet d’une enquête fouillée de la brigade financière, puis de deux juges d’instruction spécialisés dans la lutte anti-corruption. Elle a été bouclée en octobre 2016 et aurait, en toute logique, dû être jugée avant la prochaine élection présidentielle. La présidente du FN a multiplié les recours juridiques pour repousser l’échéance, allant jusqu’àmettre en cause les juges eux-mêmes…
Dans les hautes sphères du pouvoir, certains craignaient aussi sans doute qu’un tel procès fasse le jeu de Marine Le Pen. Qu’il alimente sa stratégie de « victimisation » de candidate ciblée par l’« establishment » et que le bruit de la défense de l’extrême droite – fût-elle mensongère – grossisse encore les rangs de ses électeurs.Ce livre fait le pari inverse. Il postule qu’en démocratie il n’y a pas de citoyen trop informé et qu’avant de déposer un bulletin dans l’urne, mieux vaut en savoir le plus possible sur les faits et gestes des candidats. Surtout quand ceux-ci flirtent allègrement avec l’illégalité et sont soupçonnés d’avoir détourné massivement de l’argent public. Il ne s’agit pas de juger avant la justice, mais de livrer au public des éléments d’information propres à éclairer ses choix.
Diplômé de Sciences Po Paris, Laurent Fargues est journaliste au magazine Challenges. Il a également collaboré au Monde Economie et au Canard enchaîné. Il est co-auteur avec Thomas Bronnec d’une enquête sur le ministère des Finances (Bercy, au cœur du pouvoir, Denoël, 2011), qui a été adaptée en un documentaire de 70 minutes pour France 5 (Une pieuvre nommée Bercy, émission « Le monde en face », 2012).