Alliès : Le rêve d'autre chose : changer la République ou changer de République
Le discrédit du système politique – les institutions comme le personnel – est devenu massif ; il s'amplifie d'année en année. Changer la République ou changer de République ?« Un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer de Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures ». (Constitution du 24 juin 1793 - article 28)
Partout en Europe, les effets de la révolution numérique se font sentir et un nouveau désir de démocratie s'enracine, social autant que politique.
En France, il a pris une tournure particulière au cours de la dernière décennie : les électeurs sont plus nombreux à se détourner des urnes, comme pour mieux dire le discrédit qu'ils portent à notre système politique, à un président qui outrepasse largement ses fonctions, à des institutions à bout de souffle, à un personnel politique qu'ils estiment corrompu. Et chaque année davantage – études d'opinion et sécessions électorales le confirment.Pour autant, ce rejet n'est pas négatif et les aspirations à une réforme politique du régime de la Ve République existent bel et bien dans les couches populaires comme dans les milieux dirigeants.D'une critique au fil des événements n'émerge qu'une alternative à ce présidentialisme mortifère, à son intouchable président, à ses prérogatives étendues à l'excès et à l'absence de réels contre-pouvoirs, qu'il s'agisse de la représentation parlementaire ou des médias.
La Ve République est née d'un coup d'Etat, elle se poursuit, selon le mot de Mitterrand, dans le « coup d'Etat permanent » ; elle en est aujourd'hui discréditée, la démocratie de faible intensité.Alors, changer la République ou changer de République ? Dans tous les cas, ce sont nos institutions qu'il nous faut repenser, notre constitution, nos modes de scrutin.A l'approche d'une nouvelle élection présidentielle, Le rêve d'autre chose (tirée pour partie d'une « Une autre République est possible », sur Mediapart) montre l'inefficience d'un quinquennat (celui de François Hollande), pourtant réputé susciter le changement, et la nécessité augmentée d'une révolution démocratique.
Et, pourquoi pas, d'une VIe République ?
Paul Alliès est professeur de science politique émérite à l'Université de Montpellier, président de la Convention pour la VIe République (C6R) et membre du Conseil national du Parti socialiste.