Boyer : Yeux noirs
Un petit garçon a dû faire une rencontre si troublante qu’il doit, devenu adulte, en raconter l’oubli.
C’est ainsi l’histoire d’un souvenir perdu qu’il va tenter de raconter, avec tout ce qui, imprévisible, remonte avec. Il n’y a de revenants qu’eux, les souvenirs. Le narrateur fait l’expérience de cette possession imaginaire des souvenirs. Nous pensons qu’ils nous appartiennent, qu’ils sont nôtres, tandis que ce sont eux qui nous possèdent. Le récit devient une opération de délivrance, d’aveu au sens que donnait à ce mot saint Augustin (confessio). Et d’autant plus qu’il ne parle que d’une chose : l’amour. Sa révélation, son apprentissage, ses errements et ses erreurs, ses folies et sa misère.Le narrateur revisite ainsi son enfance jusqu’à sa petite enfance, sa jeunesse jusqu’à sa maturité.
Ce qu’il a reçu de l’amour, le magnétisme des corps, et les corps, les visages, les histoires uniques et répétées. Une jeunesse d’autrefois entre secret et libération, une éducation qui ne répond plus à rien ni de rien. Salut par l’amour et damnation tout autant, l’entrée dans l’âge adulte, si tôt.