Sem-Sandberg : Les élus (Prix Médicis roman étranger)
« Maintenant, Julius a les ciseaux. Pourtant la douleur est toujours là. Schwester Mutsch aussi est toujours là. Elle se penche vers lui et lui crache à la figure, puis elle étale la salive sur les lèvres et les paupières fermées du garçon. Espèce d’ordure. Tu n’as aucun droit de vivre. Soit on t’enferme chez les fous, soit le docteur te fait une piqûre. Et voilà que la paire de ciseaux ne se trouve plus dans sa main. Elle flotte dans la lumière bleutée, au milieu des lits et des tables de chevet. Alors il brandit haut l’instrument et l’enfonce dans sa poitrine. Enfin, le silence se fait. Même la lumière bleutée semble s’être éteinte. Puis elle revient. Et avec elle l’insoutenable douleur. »
En 1941, à Vienne, l’hôpital du Spiegelgrund a été transformé par les nazis en un centre pour enfants handicapés et jeunes délinquants. Jour après jour, Adrian, Hannes et Julius, pensionnaires de la maison de redressement, tentent d’exorciser l’horreur. Dans un époustouflant ballet de voix tour à tour intérieures et extérieures, ils racontent l’enfer qu’ils vivent et la mort qui les guette au pavillon 15, où l’on extermine les « indésirables ».
« Un brillant travail d’écriture, dont l’intensité et la profondeur vous rentrent dans la peau et ne quittent plus vos pensées. » Frankfurter Allgemeine Zeitung
Sem-Sandberg est l’auteur des Dépossédés (Robert Laffont, 2011), un roman qui a démontré avec maestria la puissance du romanesque pour dire les tragédies de l’histoire. Il a été récompensé en 2009 par le Grand Prix de l’Académie suédoise des Neuf (prix De Nios) pour son « œuvre littéraire remarquable, caractérisée par sa dimension intellectuelle, sa précision historique et sa profondeur psychologique ».
traduit par Johanna Chatellard-Schapira