Alexievitch : Les cercueils de zinc
Svetlana Alexievitch a osé violer en 1990 un des derniers tabous de l'ex-URSS: elle a démoli le mythe de la guerre d'Afghanistan, des guerriers libérateurs, celui du soldat soviétique que la télévision montrait en train de planter des pommiers dans les villages alors qu'en réalité, il lançait des grenades dans les maisons d'argile où femmes et enfants étaient venus chercher refuge. L'Union soviétique était alors un Etat militariste, camouflé en pays ordinaire et il était dangereux de faire glisser la bâche kaki recouvrant les fondations de granit de cet Etat. Elle privait les jeunes gars revenus de la guerre de leur auréole d'héroïsme: ces garçons avaient perdu leurs amis, leurs illusions, leur sommeil, ils étaient devenus incapables de se refaire une vie et sont devenus aux yeux de leur entourage, et cela dès le premier extrait paru dans la presse, des violeurs, des assassins et des brutes.
Née en Biélorussie en 1947, Svetlana Alexievitch a commencé sa carrière d'écrivain par deux livres d'enquêtes et de témoignages sur la Seconde Guerre mondiale, La guerre n'aura pas un visage de femme (1985) et Le Témoin. Son troisième livre, Cercueils de zinc, a provoqué un véritable scandale dans son pays. Certains de ses ouvrages restent interdits dans son pays d'origine et Svetlana Alexievitch s'est vue contrainte à s'exiler d'abord en France puis en Suède où elle réside actuellement.
Die Autorin erhielt am 8.10.2015 den Literatur-Nobel-Preis.