Murat : Flaubert à la Motte-Piquet
Mitunter musste sich Laure Murat schon ganz schön verrenken um entziffern zu können, welches Buch Ihr Gegenüber so fesselt. Dabei kam sie auf interessante Ergebnisse: 53% der Buchleser in der Metro sind Frauen, das Durchschnittsalter liegt bei 40 Jahre. 78% der Bücher sind Romane, 76% der Romane stammen von ausländischen Autoren. Taschenbücher werden ebenso gelesen wie "dicke Wälzer".
« Un jour, dans le métro, un homme s’assoit à côté de moi et ouvre un carnet sur ses genoux. C’est une liste de lectures, où se mélangent les auteurs dans une succession improbable : Gustave Flaubert côtoie Marc Levy, Franz Kafka jouxte Barbara Cartland. Sous mes yeux, l’homme ajoute un titre : Goethe, Les Souffrances du jeune Werther. C’est le livre que lit la jeune femme sur la banquette opposée. Je comprends soudain : ce qu’il consigne, ce ne sont pas ses lectures personnelles mais celles des usagers du métro. Dès cet instant, comme frappée par une épiphanie, je décide ni plus ni moins de lui piquer son idée et de profiter de tous mes trajets pour essayer de dresser une cartographie de la lecture souterraine. Pendant des mois, j’ai noté les titres, observé les mains qui feuillettent, les corps penchés sur les livres ou les tablettes, pour en tirer un petit recueil d’observations, promenade ludique au pays de la lecture envisagée comme activité underground. »
Dans ce récit volontiers poétique et souvent drôle, Laure Murat fait l’inventaire de tous les livres qui se trouvent à portée de ses yeux dans le métro. Un livre pour tous les lecteurs… qui ne peuvent s’empêcher de regarder par-dessus l’épaule de leur voisin de strapontin.
Laure Murat a publié plusieurs livres qui ont obtenu un succès public et critique exceptionnel, notamment Passage de l’Odéon : Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l’entre-deux-guerres (Fayard, 2003), et L’homme qui se prenait pour Napoléon (Gallimard, Prix Fémina 2011). Elle est professeure au département d’études françaises et francophones de l’Université de Californie - Los Angeles (UCLA).