Réda : Tabacs d’orient
Il en reste un souvenir assez fidèle dans une de mes marques favorites, un tabac Old Holborn qu’il faut soi-même rouler mais qui manque fréquemment chez mes débitants ordinaires. Or une fois de plus il fait défaut au coin de la rue de Ménilmontant, le plus proche et, dans mes environs, longtemps le seul à m’intéresser par une tout autre forme d’exotisme – qui se répand. Qui tend même à placer toute cette profession sous l’autorité d’une contrée où, jadis, l’Europe dominatrice et alors tabagiste avait encouragé le trafic de l’opium. Est-ce un effet du fameux retour des choses ?
Jacques Réda, nous emmène à la recherche d’un paquet d’Old Holborn dans un Paris baigné des couleurs de l’Orient : une déambulation dans le XXe arrondissement des bureaux de tabac autrefois auvergnats et maintenant mandchous, face aux devantures noires et dorées des librairies coraniques, ou chez les chausseurs et les bazars dont les pancartes sont libellées en idéogrammes. Voici, sous d’épaisses volutes de fumée, une vision de Paris plus authentique et surtout plus amusante que celle servie habituellement.