Réda : La liberté des rues
«... J'ai cessé de croire que je circule au gré de ma fantaisie. Je ne pense pas davantage obéir, en circulant, à quelque plan préétabli pour me guider ou me perdre. Il me semble plutôt que sans se préoccuper de mon cas, ce sont les rues elles-mêmes qui se déplacent, s'ébattent - et je me laisse remuer, prenant discrètement ma part du plaisir qu'elles échangent. Elles s'en vont, reviennent, disparaissent de nouveau. J'ai beau m'efforcer d'en suivre une - puis deux, puis trois - pour composer une sorte d'itinéraire : toujours d'autres se présentent à la traverse et me conduisent ailleurs. Mais celles-là aussi m'abandonnent, me plantent là où l'envie de jouer leur a passé d'un coup. Je me pose alors la vieille question des personnages de contes : "où suis-je ?" - c'est ce que j'appelle être arrivé.»