Claudel : J'abandonne
Le narrateur est un jeune veuf qui vit seul avec sa petite fille de vingt et un mois. Psychologue dans un hôpital, son rôle est d’annoncer aux familles la mort de leurs proches et de les convaincre d’autoriser le prélèvement d’organes sur celui qui vient à peine de disparaître. Mais aujourd’hui, il ne veut plus être une hyène qui bondit sur sa proie pour la dépecer. Son métier le dégoûte. D’ailleurs, tout le dégoûte : la bêtise et la haine de son collègue, la vulgarité de ses contemporains, la violence et la laideur d’un monde qui n’est plus le sien. C’est au confessionnal, la petite pièce où exercent les hyènes, dans un climat de tension extrême, qu’il va peu à peu retrouver la force de continuer à vivre. Bouleversé par une mère qui vient d’apprendre la mort brutale de sa fille de dix-sept ans, il comprend qu’il ne peut pas abandonner son enfant, innocente et fragile.
À ce récit d’un homme blessé, au bord de l’effondrement, se mêlent les mots d’amour et de tendresse d’un père qui refuse de léguer à sa fille un monde de cendres et de ruines. J’abandonne est un cri de détresse face à une société qui se déshumanise. Un regard sans complaisance sur les lâchetés et les impostures de l’époque. Mais c’est la compassion qui l’emporte et le lecteur retiendra les gestes d’une infinie douceur et les paroles d’espoir sur lesquels s’achève ce texte poignant. J’abandonne a obtenu le prix Roman France-Télévision en 2000. La première édition a paru chez Balland.