La Grande Guerre des écrivains. D'Apollinaire à Zweig
«Toute écriture de la guerre, y compris la composition d’une anthologie, passe par une descente aux enfers, impose une épreuve expiatoire, entraîne la rencontre de nos fantômes, et l’on ne revient pas indemne d’une telle expédition. Parce que nous, hommes et femmes de ce début du XXIe siècle, avons longtemps nié la guerre, elle qui était la compagne infaillible de nos parents, de nos ancêtres depuis des générations ou même depuis toujours, sa représentation, fût-ce dans les livres, reste affreusement poignante. Notre chance a été de ne pas la fréquenter, de n’avoir pas eu à lui payer tribut, et c’est pourquoi nous nous retrouvons si démunis devant sa monstruosité. Il serait bien sûr indécent de comparer l’expérience du lecteur à celle du combattant, mais je voudrais que celle-là ait tout de même quelque chose d’approchant de celle-ci, que la lecture provoque une commotion, un sursaut d’anxiété, du dégoût et de la haine.» Antoine Compagnon.