Wieviorka : Maurice et Jeannette - Biographie du couple Thorez
Le 3 février 1934, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français dit à Jeannette Vermeersch, jeune militante déjà en vue, en prenant le bus : « Je vais avec toi. Chez toi. Et cette fois c’est pour toujours. » Ce fut le début d’une longue histoire d’amour et d’une vie commune dont l’intensité ne s’est jamais démentie et qui prendra fin avec la mort de Maurice, le 11 juillet 1964. Cet acte de foi, ils le partagèrent avec la même fidélité envers le Parti communiste, l’Union soviétique et Staline.
Annette Wieviorka évoque ici le destin exceptionnel d’un couple relativement ordinaire, formé de deux enfants du Nord issus du peuple, aux prises avec les grands drames du XXe siècle mais aussi avec une vie familiale et militante. Un couple immergé dans l’idéologie, coupé de la société par les facilités du pouvoir et l’enfermement partisan et, en même temps, reconnu par bien des gens comme étant des leurs. Grâce à des archives souvent inédites, entre autres le journal intime de Maurice, elle trace un tableau vivant de la France mais aussi du pays des Soviets de ces années de guerre et d’après-guerre. Elle éclaire d’un jour nouveau des épisodes controversés : le rôle de Thorez et celui de l’Internationale communiste dans la formation du Front populaire ; la fabrique du culte de la personnalité ; la désertion de Thorez et le long séjour de la famille de 1939 à 1944 en Union soviétique ; le rôle des Thorez à la tête du plus grand parti de France à la Libération ; le drame qu’a constitué au coeur de la guerre froide la maladie de Maurice et le nouveau séjour en URSS. Elle met aussi en lumière le rapport de ce couple très ouvert à l’art et aux artistes de son temps et ses positions particulièrement conservatrices sur les questions des moeurs.
Un livre puissamment original sur un couple en politique comme l’Histoire en compte peu.
Annette Wieviorka est directrice de recherche au CNRS et membre du Conseil supérieur des Archives. Ses nombreux travaux sur la mémoire de la Shoah, traduits dans plusieurs langues, lui ont valu une notoriété internationale. Elle s’intéresse depuis toujours au communisme et a notamment publié Ils étaient juifs, résistants, communistes (1986).