Sternberg : Histoires à dormir sans vous
La courtoisie:
«Elle avait reçu une excellente éducation et le savoir-vivre lui était naturel.
Quand, lasse de tout, elle se jeta dans le vide du haut du septième étage, elle eut le tact de refermer la fenêtre derrière elle pour ne pas faire de courant d'air dans la pièce où son mari lisait le journal.»
Parmi les quatre-vingt histoires de ce recueil, c'est l'une des plus courtes. Elle justifie la phrase d'un critique volontiers narquois : «Sternberg, singulièrement, plus il écrit bref, plus il en dit long.»
Cette fois, il délaisse son sujet de prédilection - le règlement de comptes avec l'homme et son effrayante planète - pour aborder, en toute impudique tendresse, son seul sujet de consolation : la femme.
Femmes inspiratrices de l'insolente question de Scutenaire : «Comment les hommes peuvent-ils s'intéresser à tant de choses alors qu'il y a les filles ?»
Indifférentes ou passionnées, perverses parfois, déchirantes si possible, cyniques de temps à autre, absurdes assez souvent, indécentes évidemment, mais toujours inattendues, elles apparaissent ici en pleine gloire.