Pitous : Mon cher Albert. Lettre à Albert Camus
Sur le quartier de Belcourt à Alger où Camus a vécu, la rue de Lyon où il habitait, les bancs de l'école communale, les séances de cinéma dominicales, et les matchs de foot où le futur écrivain tenait le poste de gardien de but, on n'avait recueilli jusqu'ici que des témoignages lacunaires. En réalité, on ne connaît de la jeunesse de Camus que ce qu'il en a raconté lui-même dans Le premier homme.
Pour avoir été son voisin rue de Lyon, son camarade d'école, et l'avoir ainsi fréquenté de dix à dix-huit ans, Abel Paul Pitous (1913-2005), son exact contemporain, gardait des images précises de cette époque. Son témoignage, que l'on vient de retrouver, consigné dans les années soixante-dix, ressuscite donc pour la première fois non seulement les lieux d'enfance de Camus, mais aussi un peu de la vie des gens qui l'entouraient et qui comptèrent tant pour lui : sa mère, son oncle sourd et muet, son instituteur, et cette flopée de copains tous passionnés de football.
Autant de souvenirs qui restituent aujourd'hui d'une manière formidablement proche et touchante le climat dans lequel Camus a grandi et s'est émancipé.