Barbey d'Aurevilly : Lettres à Trébutien. 1832-1858
Caen, vers 1830. Un étudiant en droit entre un jour dans un cabinet de lecture de la rue du Pont Saint-Jacques. La conversation s’engage avec le libraire. Une amitié va se nouer qui, si l’on en soustrait une brouille d’ailleurs aujourd’hui encore mystérieuse (de 1837 à 1841), engendrera, jusqu’à la rupture définitive, une correspondance de vingt-deux ans : la première lettre de Barbey d’Aurevilly à Trebutien qui ait été conservée est d’août 1832, la dernière du 29 novembre 1858.
Ce corpus épistolaire, l’un des plus remarquables assurément du XIXe siècle, n’était accessible que dans la confidentialité. Au même titre que la correspondance de Flaubert ou celle de George Sand, les Lettres à Trebutien de Barbey d’Aurevilly constituent une pièce maîtresse de son œuvre. Au romancier, nouvelliste, critique qui depuis un demi-siècle a fait l’objet d’une spectaculaire réévaluation, s’ajoutera d’évidence un épistolier intensément vivant et hors du commun.
Pour Barbey, la lettre est incomparablement plus éloquente que n’importe quelle photographie. Il existe pour lui un lien direct et même consubstantiel entre l’esprit épistolaire d’un homme et l’esprit de sa conversation. Ces lettres magnifiques, empreintes d'un souffle unique de vérité, forment un autoportrait enfin révélé de l’auteur des Diaboliques.
Professeur à la Sorbonne nouvelle Paris-3 et spécialiste d’auteurs du XIXe siècle comme Chateaubriand ou Stendhal, Philippe Berthier a consacré de nombreux travaux à Barbey d’Aurevilly et à sa correspondance.