Kristeva : Pouvoirs de l'horreur
Pouvoirs de l'horreur
Pourquoi l'abjection ? Pourquoi de l'abject ?
Pourquoi y a-t-il ce " quelque chose " qui n'est ni sujet, ni objet, mais qui, sans cesse, revient, révulse, repousse, fascine ?
Ce n'est pas de la névrose. On n'entrevoit dans la phobie, la psychose. Il s'agit d'une explosion que Freud a touchée mais peut-être aussi évitée, et que la psychanalyse, si elle veut aller plus loin que sa simple répétition, devrait être de plus en plus pressée d'entendre.
Car l'histoire et la société nous l'imposent. Dans l'horreur. Les rites, les religions, l'art ne feraient-ils rien d'autre que de conjurer l'abjection ?
La littérature en porte l'étrange révélation : Dostoïevski, Lautréamont, Proust, Artaud et, de façon strès symptomatique, Céline.
Le voici maintenant, cet habitant des frontières, sans identité, sans désir ni lieu propres, errant, égaré, douleur et rire mélangés, rôdeur écœuré dans un monde immonde.
C'est le sujet de l'abjection.