Guilleragues: Lettres portugaises
«Trahie», «malheureuse», «accablée» : celle qui se présente ainsi aime d'un attachement fatal un homme qui l'a abandonnée pour partir à la guerre. Interrogations sur ses tourments, imparfaits du subjonctif pour décrire une si malheureuse aventure, c'est l'arsenal rhétorique de la passion qui enflamme ces cinq lettres, déchirantes. Mais peut-on, lorsqu'on aime ardemment, désirer retrouver la sérénité ? «J'aime bien mieux être malheureuse en vous aimant, que de ne vous avoir jamais vu»...
Après avoir exposé le débat autour de la question de l'authenticité de l'œuvre, qui fut une énorme supercherie, l'accompagnement critique décortique les rouages du roman épistolaire à une voix et les enjeux de l'illusion romanesque (voir Groupement de textes, Boursault, Vadé, Rousseau et Laclos). Il explique la conception nouvelle de l'amour qui naît au XVIIe et comment Guilleragues donne à voir le spectacle d'une passion empreinte de théâtralité tragique, depuis le désir pur jusqu'au rejet et à la solitude la plus profonde. Une lecture détaillée de la troisième lettre vient enrichir le commentaire.
Roman épistolaire (XVIIe siècle) recommandé pour les classes de lycée. Texte intégral. Lecture accompagnée par Sylvie Dervaux-Bourdon