Lestringant : André Gide. L'inquiéteur tome 2 : Le sel de la terre ou L'inquiétude assumée, 1919-1951
Gide, après 1918, invente le personnage de l'intellectuel moderne, un rôle que Sartre et Foucault, entre autres, assumeront à leur tour d'après son exemple. Gide n'a ignoré aucun des grands courants de son siècle, symbolisme, naturalisme, dadaïsme, surréalisme, réalisme socialiste. Acteur majeur de la vie littéraire et intellectuelle pendant plus d'un demi-siècle, Gide a bien mérité le titre de « contemporain capital » qui lui a été décerné de son vivant.
Car Gide est bien l'adversaire de la société bien pensante qui l'a engendré à son dam. Or ce grand témoin, dont l'influence critique, voire révolutionnaire, n'a cessé de s'étendre, a été le maître à penser de plusieurs générations.
Ce second volume de sa biographie couvre les trente-trois dernières années de sa vie. C'est le Gide de la seconde maturité, dont l'influence déborde les frontières, un Gide omniprésent dans le débat public, qu'il s'agisse d'interroger les rapports entre religion et morale, de dénoncer les abus de la colonisation, d'exalter ou de critiquer le communisme soviétique, de prôner la liberté de l'individu face aux oppressions.
C'est à Gide que nous devons certaines de nos libertés, quelques-unes aussi de nos interrogations en matière de morale sexuelle, de tolérance religieuse, ou de dialogue entre les peuples et civilisations.
La leçon de Gide, soixante ans après sa mort, est plus que jamais actuelle.