Quignard : Le petit Cupidon
« “Elle avait saisi la boucle de sa ceinture.
– Non ! s’exclama-t-il.
Il arracha sa main. Elle prit sa main, tira, le contraignit à s’asseoir sous le prunier. Elle s’accroupit près de lui. Elle porta sa main à ses lèvres.
– Je ne peux pas, dit-il.
– Pourquoi ? interrogea-t-elle.
Il hésita. Il la regarda fixement. Il écarquillait les yeux. Il n’ajouta rien.
– Pourquoi ? insista-t-elle.
– Il y a trop de lumière. Je n’en puis plus, dit-il.
– Je suis trop laide. Vous n’en pouvez plus, dit-elle.
Il dégagea sa main.
– C’est faux, dit-il. Je suis nu-tête. Il fait trop chaud. Ne m’en voulez pas ! Laissez-moi rentrer.
Pauline Harlai porta de nouveau la main sur le ventre de Gerhardt Buheler. Il était tendu mais il se rejeta vivement en arrière.
– Je suis soûl de lumière, souffla-t-il avec hâte.”
Le Petit Cupidon est paru en revue, en 1981, NRF, n° cccxli. La présente édition, corrigée, entièrement recomposée, est définitive. »
P. Q.