Kaplan : Millefeuille
Prix Weppler 2012
Millefeuille, c’est le portrait d’un vieux monsieur qui sait qu’il va vers la mort et qui se débat avec ça. Et d’un humaniste, qui est à la fois affecté par tout en surface, et profondément indifférent. C’est aussi un livre sur les rapports entre générations, un vieux et des jeunes.
Un vieux monsieur, donc, aimable, ouvert aux autres et au monde, et en même temps, toujours dans une certaine distance, sans intérêt véritable, guetté par l’ennui. Tout l’intéresse sans arrêt, rien ne l’intéresse vraiment. Il a apparemment beaucoup d’amis, et il n’a aucun ami.
Son rapport avec les jeunes, son fils Jean, Léo, ensuite Loïc, un jeune paumé, est toujours ambivalent, affection et envie, intérêt et fureur, souci et rejet. Loïc, il veut l’aider, il sent que Loïc va « commettre l’irréparable », et puis il le laisse tomber, alors qu’il sait qu’il prend un risque.
Et ensuite il culpabilise à fond.
Quelque chose a été loupé dans son rapport à son fils et se répète avec les jeunes autour de lui, avec lesquels il est constamment dans un rapport de séduction et d’énervement. Et ça s’est renforcé avec l’âge, l’approche de la mort.
Les autres l’encombrent alors qu’il se sent souvent seul, abandonné.
En somme il tourne sans arrêt autour de lui-même, c’est le seul repère qu’il a, mais il ne peut pas être pour lui-même un repère.
Il s’effiloche, se désintègre sans arrêt. Millefeuille, il est « comme les feuilles de papier sur le bureau, il y a un petit courant d’air qui (le) traverse tout le temps »