Céline. " Ca a débuté comme ça "
" C'est le prix Goncourt dans un fauteuil pour l'heureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareil ", prévient Louis-Ferdinand Destouches en proposant, en 1932, le manuscrit de Voyage au bout de la nuit. Robert Denoël ne s'y trompe pas et accepte d'emblée de le publier, sous le pseudonyme de Céline. Les uns crient au génie, face à l'étonnante nouveauté du style, les autres haïssent le nihilisme outrancier de l'écrivain et ce langage hydride qui mêle langue classique et parler populaire. Malgré tout, Céline poursuit sa double vie ; médecin, il soigne les pauvres des banlieues, écrivain, il s'arrange avec ses souvenirs, " en trichant comme il faut ", et donne Mort à crédit. Mais bientôt, à la grandeur lyrique des romans succèdent de violents écrits politiques, anticommunistes et antisémites. La puissance de l'œuvre est entachée de scandale. Si la trilogie allemande (D'un château l'autre, Nord et Rigodon) achève de faire de Céline un formidable inventeur de la langue française, non pas " un homme à idées mais un homme à style ", le personnage, comme l'œuvre, reste multiforme.
C'est ainsi que Pascal Fouché a choisi de l'approcher.