Bramly : Le premier principe. Le second principe
Les faits : Ceci est une histoire peut-être vraie de la fin du XXe siècle que l'on pourrait conter ainsi : un photographe Max Jameson traquait une princesse, le photographe avait pour voisin un marchand d'armes et pour ami un premier ministre. Tous les quatre ont connu la lumière puis une fin tragique. Le contexte : Le photographe en question, charmeur, mais sans foi ni loi, avait deux faiblesses : de redoutables attaques de paniques qu'il dissimulait comme une maladie honteuse, et une femme amoureuse mais très infidèle, le marchand d'armes était parvenu à s'implanter en Iran juste avant la guerre contre l'Irak avec la bénédiction de la France et de l'Otan puis avait été écarté comme un pestiféré. Le premier ministre quant à lui était conseillé par un certain Massard , l'un de ces brillants universitaires de l'ère mitterrandienne, grisé par la politique, et entraîné par ses connaissances financières sur des terrains glissants... Chaque personnage était convaincu d'agir dans l'intérêt général. Chaque personnage faisait partie d'un même système, tous vivaient dans le mensonge. Le sens de l'histoire nous est révélé par le narrateur, analyste du boulevard Mortier, autodidacte, passionné de physique, - il est abonné à science et vie et qui des années plus tard, a accès aux sources ouvertes de la DGSE. Ce personnage subtil et pragmatique va rassembler les pièces du puzzle à la manière des grands romanciers russes qui découvrent en tâtonnant les aspects inconnus de l'existence. Sa grille de lecture des faits passe par le prisme des deux grands principes de la thermodynamique : l'entropie du second principe qui fait que dans un système clos, le désordre ne va que croissant , la loi de conservation de l'énergie qui régit le premier principe - placé à côté d'un corps froid, tout corps finit par se refroidir. Avec cette fresque ample, foisonnante, qui court de la garden-party de l'Elysée aux bords de la mer de Chine mais aussi sur d'autres théâtres, Serge Bramly recompose de manière éblouissante toute l'histoire de la France de ces trente dernières années, où les dessous de la politique apparaissent dans leur vérité nue, où les forces qui régissent les affaires se dessinent dans leur vérité crépusculaire, où le mensonge finit par condamner faibles et puissants à une solitude existentielle.
Prix Interallie 2008