Benoist : Représentations sans objet. - Aux origines de la phénoménologie et de la philosophie analytique
L'idée d'une origine commune de la phénoménologie et de la philosophie analytique commence à être bien admise.
On essaie ici de lui donner quelque consistance en la mettant à l'épreuve d'une question, qui fut décisive pour les auteurs à la source de ces deux traditions, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème : celle de la référence manquante ou des " objets inexistants ".
On montre comment ce problème a pu orienter d'un côté les débats internes à l'école brentanienne (Brentano lui-même, Twardowski, Meinong, le jeune Husserl), et de l'autre les réflexions des auteurs sources de la tradition dite analytique (Bolzano, Frege, Russell).
Par opposition à d'autres études plus " syncrétiques ", il s'agit avant tout, dans la démarche adoptée, de mettre en avant des différences. D'abord au sein de l'école intentionaliste, beaucoup plus diversifiée et traversée de tensions qu'on ne le croit souvent. Puis, aussi et surtout, entre cette école et les auteurs qui ont choisi délibérément une autre voie : Frege et Russell, bien sûr, mais aussi déjà Bolzano.
Il s'agit par là même de mesurer un écart qui devait s'avérer déterminant pour toute la philosophie du XXème siècle et de mieux définir le champ propre de cette philosophie.