Weyergans : Trois jours chez ma mère (Goncourt 2005)
«Dans le train, il colla sa tête contre la vitre et aperçut en surimpression, flottant au milieu d’un décor de broussailles, un visage blême et crispé, le sien, avec son front reconnaissable, haut et dégarni, ses paupières gonflées et sa bouche aux lèvres minces. Il eut envie de se dire à lui-même : “Qu’est-ce que je peux faire pour toi?” Ce visage si près du sien lui inspirait une profonde sympathie.»
Nuit après nuit, un homme hyper anxieux voudrait ne pas affronter la vie qui l'attend. Ses souvenirs l’aideront-ils à aller mieux? Il a fait tant de voyages, du Japon au Canada, tant de rencontres amoureuses. Sa mémoire lui donne le vertige. Il s’invente une série de doubles auxquels il fait mener une vie sentimentale et sexuelle aussi agitée que la sienne. Il vit depuis trente ans avec Delphine, ils ont deux filles – deux jeunes adultes capables de voir que leur père est dans le pétrin – et il voudrait aller rendre visite à sa mère. Elle vit seule en Provence et aura bientôt quatre-vingt-dix ans. Il lui téléphone souvent mais depuis quand ne l'a-t-il pas vue? Il a d’abord un livre à finir. Sa mère le lui dit : «Tu devrais publier ton roman, sinon les gens vont croire que tu es mort.»
François Weyergans mêle, mieux que jamais dans son œuvre, la profondeur et l'humour, l'émotion et le rire, dans ce roman qui affirme avec force les pouvoirs de la littérature – un roman qui a déjà eu des centaines de milliers de lecteurs en France et qui est traduit dans une vingtaine de langues
(Prix Goncourt 2005)