Peteuil : Helen Hessel. La femme qui aimat Jules et Jim
Jules et Jim est devenu un film culte : "Un pur amour à trois" était d'ailleurs l'un des sous-titres que l'auteur du livre, Henri-Pierre Roché, avait envisagé. Si l'on connaît les deux héros, les écrivains Franz Hessel et Henri-Pierre Roché, il n'en est pas de même pour Helen. Qui était Helen, la Kathe du livre, la Catherine du film, l'épouse de l'un et la maîtresse de l'autre ?
En 1992, paraît son journal intime, où elle décrit les premiers temps de son amour pour Roché, ses ravissements et ses ravages, avec une force et une audace bouleversante, d'une écriture éclatée, utilisant plusieurs langues, mèlant narration, souvenirs et visions. La réalité qu'on y lit est à la fois proche et très différente de Jules et Jim, et surtout ce journal révèle la personnalité hors du commun d'Helen, faite d'engagements, de tension, de roueries et de candeur.
Helen a aimé Henri-Pierre Roché sans réserve pendant plus de quinze ans. Ce fut le grand amour de sa vie, qu'elle vécut avec liberté et audace, n'évitant pas les combats et les blessures, sachant y répondre par des coups d'éclats. Pourtant les 96 ans de sa vie ne se résument pas à cette histoire d'amour. Avant et après Roché, Helen Hessel a vécu une existence mouvementée, irriguée par les courants artistiques d'avant-garde et totalement lucide sur les évènements de son temps.
C'est tout un siècle qui défile quand on la suit à Berlin dans sa jeunesse, puis à Paris dans le milieu des peintres du Dôme, de nouveau à Berlin pendant la guerre de 1914-1918 et dans l'Allemagne des années folles, puis de nouveau à Paris, aux côtés de Walter Benjamin, Duchamp, Man Ray et tant d'autres. Atteinte et déchirée par la seconde guerre mondiale, elle sut y prendre des engagements courageux. Helen a tenté ensuite l'aventure américaine, pour finalement revenir à Paris, ou elle traduisit Nabokov et Gauguin.